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dimanche 22 mai 2016

Le Krautrock #2 Les labels

Aujourd'hui la grande majorité des albums des artistes de la scène allemande de la fin des sixties et des années 70s a été rééditée, que ce soit en CD et /ou en vinyle. A l'époque, peu d'entre eux eurent du succès en dehors de leur pays, quelques uns furent publiés par des labels internationaux comme United Artists (UA), Virgin,  Polydor, Philips, Vertigo ou CBS, mais la majorité se débrouillait en publiant à titre privé ou en ayant la chance d'être signés sur des labels germaniques, dont certains tout fraîchement créés.

Fin 1968, l’un des personnages-clef les plus controversés et également architecte de la Kosmische Musik entre en scène. Le journaliste rock hollandais au doux nom de Rolf-Ulrich Kaiser est alors l’un des organisateurs de l’Internationale Essener Songtage Festival où pour la première fois, des groupes comme Guru-Guru, Amon Düül I et II, Floh de Cologne et Tangerine Dream sont réunis sur une même scène.

Ce même Rolf-Ulrich Kaiser (assisté de Peter Meisel) est l'instigateur et le créateur du label OHR (littéralement « oreille »). Ohr commence à publier une série d’albums hétéroclites, déglingués, originaux, bizarres, épiques et novateurs (UFO de Guru-Guru, Fließbandbaby’s Beat Show de Floh de Cologne, Paradieswarts Düül d’Amon Düül I, Electronic Meditation de Tangerine Dream enregistré par trois musiciens incontournables, Edgar Froese, Conrad Schnitzler et Klaus Schultze, les premiers Embryo ou Ash Ra Tempel. Le 1er LP du label fut édité en avril 1970 : OMM 56 000 - Floh De Cologne - FLIEßBANDBABY'S BEAT-SHOW / gatefold + balloon.
Le dernier album fut OMM 556 033 - Floh De Cologne - GEYER SYMPHONIE (Décembre 1973) single sleeve.
Durant cette période, 33 albums (dont 4 double LP's) furent édités ainsi que douze singles 7".

Les premiers pressages [1001 à 1091] dans la série 1000 series, ainsi que les 6 pressages dans la série 60.000 series [60.007, 60.008, 60.009, 60.010, 60.019 and 60.031] et une compilation avec le numéro 888, ont le label Brain vert. Les originaux [1001 à 1055] sont d'un vert légèrement plus foncé que les seconds pressages et les n° suivants [1056 to 1091]. Les premiers pressages [1001 à 1055] ont "Metronome" écrit sur le label sous le logo Brain. Si ce texte est manquant, alors le disque est un repressage de 1974 et plus tard.
http://www.furious.com/perfect/brainrecords.html

En 1974/75 Körber part fonder son propre label, SKY RECORDS, Brain devient une subdivision de Metronome. Label fondé à Hambourg, Sky était focalisé sur la musique électronique, l'ambient, le Krautrock et le rock progressif, incluant des artistes du label Brain, et beaucoup d'autres groupes. Dans les dernières années, le label se concentra sur la musique instrumental et la new age. Depuis la cessation d'activité de Sky en 2000, de nombreuses rééditions sont apparues sur les labels Bureau B et Sireena Records, reprenant parfois le logo original.

Les maisons de disques allemandes emboîtent fiévreusement le pas de Brain et d’Ohr, créant leur propre label cosmique, BASF recrute alors Kaiser et Meisel.

La section musique de la compagnie chimique allemande BASF (Badische Anilin und Soda-Fabrik) commença à financer des enregistrements de musique classique dans les années 30s, et du jazz à partir des années 50s, puis de la musique populaire. Le label a disparu vers 1976.



Kaiser et Meisel montent alors le sous-label PILZ qui abritera notamment Popol Vuh), sortant leurs propres groupes-maison.
Plusieurs albums furent réédités en 1982 avec le label original, mais peuvent être identifiés par le texte "Pop Import" sur la pochette!
Les albums de ce label sont rares et sont devenues des pièces de collection.
Ce même Rolf-Ulrich Kaiser, en collaboration avec Gille Lettmann, va gérer le label Kosmische Musik, en tant que division de Ohr Records, pressage et distribution assurés par Metronome. Ce label édita seulement 14 albums à l'époque ! Au catalogue de KM, on trouve Popol Vuh, Ash Ra Tempel ou The Cosmic Jokers.

On assiste alors à une véritable orgie créative et à une éclosion pléthorique de groupes et d’albums, à raison de plus de 150 disques par an. Dans le même temps, la presse internationale commence à s’intéresser au phénomène.


Certains labels deviendront plus mythiques que d'autres, pour des raisons souvent évidentes, comme la qualité des productions ou la rareté des objets discographiques.

Bacillus Records / Bellaphon : Label indépendant créé en 1971 par le producteur Peter Hauke (Nine Days Wonder, Nektar, Peter "Wyoming" Bender) et distribué par Philips avec un label Bacillus.
En 1972, Bacillus fait faillite et est vendu à Bellaphon Records, qui change les couleurs du label (orange/rouge) mais conserve le logo, tout en développant la branche Krautrock et rock progressif allemande. Les plus représentatifs sont Nektar, Omega et Karthago.

Plus tard, Bellaphon s'ouvra au disco et au dance-floor, jusqu'à ne plus faire d'éditions dans les années 80s. Puis, en 1994, Bacillus fut relancé pour la sortie du 1er album de The Automanic, puis Gehasst, Verdammt, Vergöttert ...







 ZEBRA, établi comme un label de rock progressif, était détenu par la division allemande de Polydor International en 1971. A son catalogue, 16 LP's et quelques singles, focalisés sur le mouvement Krautrock : Achim Reichel, Kin Ping Meh, Night Sun, Ougenweide, etc. Au milieu des années 70s, le label fut racheté par Metronome, qui réédita une partie du catalogue d'origine, ainsi que d'autres genres, de la pop à la musique classique.




Erlkönig était dirigé par Jonas Porst, le manager du groupe Ihre Kinder. Au catalogue également, le groupe Aera.



NOVA : Subdivision allemande de TELDEC »Telefunken-Decca« Schallplatten GmbH. Créé en 1974 et actif jusqu'à la fin des années 80s. Elle édita des artistes internationaux, et allemands tels que Kin Ping Meh, Amon Düül II, Message ...


Speigelei (Oeuf Frit) était un label de rock progressif créé par Intercord Tonträger GmbH (Stuttgart) en 1971, en réponse aux labels Harvest ou Brain. Spiegelei avait à son catalogue deux talents du Krautrock : Kraan et Hoelderlin, du jazz fusion et d'autres albums recherchés par les collectionneurs comme Aamok, Brainstorm et Eulenspygel.







KUCKLUCK : Né sous le nom de E.R.P. Musikverlag fondé le 1er avril 1968 par Eckart Rahn. Pas de nouvelles éditions depuis 1994. Actuellement label de rééditions basé à Munich. Parmi les premières réalisations de Kuckuck, on remarque Armaggedon, Ihre Kinder, Murphy Blend, Out of Focus ou Deuter.







SPOON Records :
Label créé par des membres du groupe Can, pour l'édition de leur groupe, en solo et les side-projects.









Music Factory GmbH :
Petite compagnie de production musicale et label localisé à Mainz. Distribution par Philips, Vertigo et Wergo. On y retrouve Epsilon ou Sixty Nine (69).








EUROPA :
Label fondé en 1965 par Andreas E. Beurmann, Wilhelm Wille et David L. Miller, connus pour leurs retransmissions radiophoniques, mais aussi pour des éditions musicales. A écouter : Electric Food.
 







FÖRDERTURM RECORDS : Localisé à Kamen (Nord-Rhin-Westphalia). Pas d'information supplémentaire. A écouter : Electric Mud.









APRIL :
Label indépendant fondé en 1976 par plusieurs artistes (Ton Steine Scherben, Embryo, Missus Beastly, Sparifankal). Sous la pression de CBS, qui voulait faire supprimer le nom "April", le label devint Schneeball.


 



THOROFON : Label basé à Bühl, spécialisés en musique classique, ils ont également édité quelques albums de Krautrock tels Emtidi ou Minotaurus.







Pläne :
Label indépendant, créé en 1961 à Dortmund. Ferma en 2011.
Responsable d'éditions de Lokomotive Kreuzberg et Floh de Cologne.








KERSTON Records :
Petit label créé par Fred Kersten. Principalement éditeur de groupes Beat et Garage Rock dans les années 60s. Dans les années 70s, il se consacre aux productions des groupes et artistes allemands dont Gäa ou Epidermis.







TELEFUNKEN :
Label créé dans les années 30, éditeur de musique classique ou de chanteurs populaires, à partir de 1968/1970, Telefunken s'ouvre au rock, et va signer quelques groupes comme Asterix, Gift ou Incredible Hog.







HÖR ZU : The Hörzu, ou HÖR ZU ("Ecoute!") est à l'origine un magazine hebdomadaire regroupant des programmes Tv et radio. En 1963, Hörzu fonde son propre label musical. Les disques étaient vendus par correspondance et chez les disquaires. Hörzu est aussi connu pour ses éditions de disques des Beatles ou des Pink Floyd. En 1968, Hörzu démarre une branche spécialisée en rock progressif et musique d'avant-garde, Hör Zu Black Label. Au catalogue, on retrouve Eloy, Triumvirat, Nektar.

 

VENUS : Créé par Dieter Dierks, en association avec Cornelius Hudalla and Breeze Music.

 








+plus+ :
Label qui n'édita que 3 albums ! Gérée par Jochen Petersen, de la section rock progressif du petit label spécialisé Miller Records.
  • Tomorrow's Gift - Tomorrow's Gift (Album)  plus1+2 (1970)
  • Wind - Seasons ‎+plus 3 (1971)
  • Ikarus - Ikarus  +‎plus 4 (1971)





Juste un mot sur un label des USA, Billingsgate Records, créé en 1973 à Chicago. Ils furent le premier label nord-américain spécialisé en rock allemand. Ils éditèrent les premiers LPs de Neu!, Lucifer's Friend, Scorpions, Frumpy et Epitaph, Jane, Elias (Grobschnitt ?), Guru Guru. Après avoir été racheté par Passport Records, ils éditèrent encore deux albums de Lucifer's Friend.

Never Mind The Bollocks - Les anglais n'étaient pas les premiers!

1977 [UK/FR]

[FR] Sex Pistols Records / Barclay - 940 553 
Prix moyen Discogs: 35€ (vendu sur le site jusqu'à 130€ en parfait état en 2015)

[UK] Virgin - V 2086
Premier pressage anglais fabriqué à 1000 exemplaires.
Prix moyen Discogs: 108€ (vendu sur le site jusqu'à 580€ en parfait état début 2016)

Et non, aujourd'hui je ne vais pas chroniquer cet album! De toute façon ça ne servirait pas à grand chose puisque ce disque a déjà été disséqué par tous les plus grands journalistes du monde entier.
Non, en ces lignes, je vais plutôt évoquer avec vous le pressage du disque que je possède, car il n'est pas comme les autres. En effet, il a pour particularité d'être sorti au moins 15 jours avant le lancement du disque en Angleterre.
Et pour cause, il se trouve que le premier pressage mondial de cet album mythique n'est pas anglais, mais bel et bien à moitié Français et Belge!

Ce disque a fait son apparition pour la première fois dans les bacs avec une pochette Made In France et un vinyle Made In Belgique. Barclay a lancé le pressage avant le monstre Virgin.  
En opposition à la version anglaise, beaucoup d'exemplaires du pressage Fr/Be de chez Barclay ont la pochette de couleur rouge à l'arrière, mais ce n'est pas le cas pour tous. (le mien est bien rose, voir les photos)

Ce pressage moitié Belge est très intéressant, car il possède un panel de fautes sur le label qui est assez conséquent.
  • En premier, nous pouvons noter une faute énorme. Sur les deux labels, le nom de l'album n'est pas inscrit Never Mind The Bollocks Here's The Sex Pistols mais Never Mind The Bollocks IT'S The Sex Pistols. 
  •  Le morceau Holidays In The Sun est écrit avec deux Y au lieu d'un seul.
  • Et enfin (une faute rarement répertoriée sur les sites, je ne sais pas pourquoi.), le nom de Matlock, dans les crédits des chansons sur le label face B, est incorrectement écrit avec deux T ("Mattlock").
Ce disque est très recherché par les fans du groupe et de punk en général. Et pour cause, il fait de moins en moins son apparition sur le net. Chaque exemplaire collectionné est précieusement gardé à la maison... 






Label Face A: Sont visibles sur la photo la faute dans le titre de l'album ainsi que celle sur le titre numéro 1.






Label Face B: La faute dans le titre de l'album est toujours visible. On peut aussi y voir la faute dans le nom de Matlock. 










 

Arrière de la pochette: Ici la couleur est bien rose, comme le pressage anglais. 









Pour la petite histoire, il y a eu deux pressages sortis en France le même jour. Le pressage avec le disque Made In Belgium (celui dont je vous ai parlé, voir les photos) et un pressage fabriqué en totalité en France (lui aussi avec le nom de l'album erroné sur les labels). 
Ces deux pressages étaient, au début, vendus chacun dans une partie différente du territoire, avant d'être mélangés et redistribués un peu partout.

samedi 21 mai 2016

Le Krautrock #1 Les groupes

Avoir réduit la scène musicale allemande des seventies au Krautrock, littéralement "rock chou[croute]", peut sembler stupide. Ce serait comme intituler le rock anglais, "pudding rock" ou le rock US, "hamburger rock", ce qui n'aurait aucun sens, les concentrant dans un seul et unique genre ! Pourtant ce terme inventé par des journalistes britanniques, qui fut repris et utilisé par ses propres progatonistes, devint le terme communément usité pour nommer le rock allemand à l'époque et encore de nos jours. Si la presse rock anglaise et internationale a désigné par "krautrock" les groupes allemands apparus au début des années 1970, c'est surtout par référence au morceau du groupe Amon Düül I titré «Mama Düül und Ihre Sauerkrautband Spielt Auf» (Maman Duul et son groupe choucroute se lancent).

Alors que, courant des années 60, nombreux sont les musiciens britanniques à jouer dans les clubs rock de Hambourg, The Beatles en tête ou encore certains membres du futur Yes, aucun groupe local n'a l'originalité et l'inventivité de ses voisins anglais. On peut quand même citer The Rattles ou encore German Bonds, The Lords, The Blizzards et The Phantoms.
La situation évolue radicalement entre 1968 et 1970 alors que surgissent de nombreux groupes allemands aux personnalités originales développant leurs styles propres, face à une scène anglo-saxonne ultra prédominante.

L'ambiance musicale en Allemagne était alors constituée d'un mélange d'humour, d'engagements politiques, de revendications, de paranoïa, de mélancholie ou de persécution. Tous prônaient leur désir de liberté à travers des expérimentations les plus psychédéliques, le free-jazz, l'étrange, le monotone, l'usage des drogues, etc.

Comme en Grande-Bretagne ou aux USA, l'Allemagne possédait plusieurs scènes rock régionales, explorant divers styles musicaux.

BERLIN (Ouest) donna naissance à quelques uns des leaders de la kosmische musik tels Tangerine Dream, Klaus Schulze, Kluster, Agitation Free, Ash Ra Tempel et Mythos, tous à l'origine d'un nouveau genre, la musique électronique planante. Berlin n'était pas que la capitale de la Kosmische musik, c'était aussi le lieu d'expression de quelques groupes rock, comme Lokomotive Kreuzberg, politiquement impliqué, Curly Curve plus classic rock, ou encore Birth Control, groupe de heavy progressif auteur de sept albums studio et live.

 
A DUSSELDORF, dans un environnement marqué par les bruits et la noirceur des industries de la Ruhr, deux groupes développent un autre pan de la musique électronique sous des aspects plus minimalistes et répétitifs, Neu! et Kraftwerk, ce dernier étant un des seuls à avoir réellement obtenu du succès en dehors de son pays. A noter aussi la présence du groupe Dom, mélange de psychédélisme, folk et cosmic.


MUNICH fut la ville où psychédélisme, jazz-rock et influences musicales ethniques se développèrent probablement le plus, grâce à Embryo, Popol Vuh, Amon Duul II, Guru Guru, Drosselbart, Emergency et Out Of Focus. Aucun de ceux-ci n'eut la reconnaissance de son art à l'époque.

COLOGNE et son représentant emblématique Can qui construisait sa musique autour d'improvisations très libres, retravaillées en studio par la suite, qu'Holger Czukay, bassiste du groupe, qualifiait lui-même de «compositions instantanées». Le groupe a connu quelques succès occasionnels, notamment avec les chansons Spoon et I Want More, toutes deux entrées dans les charts allemands. En outre, à travers ses albums Tago Mago (1971) et Ege Bamyasi (1972), Can a exercé une influence considérable sur la musique d'avant-garde, le rock expérimental, l'ambient, la new wave et la musique électronique.
Cologne c'est aussi une formation mélant le rock et les idées communistes, Floh De Cologne.

AACHEN (Aix-La-Chapelle) fut la ville de Necronomicon et Ruphus Zuphall, influencés par le rock progressif tout en ayant leurs propres personnalités germaniques.

En remontant vers le nord de l'Allemagne, à HANNOVRE, on croisait la route de groupes dont les styles se rapprochaient du traditionnel Heavy rock et du progressif symphonique. Jane et Eloy en furent les plus prestigieux représentants. A noter que le célèbre groupe Scorpions est également originaire de Hannovre. A écouter, leur premier album Lonesome Crow !


HAMBOURG est la ville qui fut dominée par l'influence du rock anglo-saxon, et donna naissance à Epitaph, Frumpy, Virus, Weed, Ardo Bombec et Blackwater Park, mais aussi à une formation plus particulièrement innovante, Faust. Egalement basé à Hambourg, Novalis, comparable au groupe italien P.F.M. et son rock romantique.

A STUTTGART, on retrouve le légendaire groupe Gila, dont l'album éponyme édité chez BASF est très recherché de nos jours. Ulm, non loin, donna naissance à Kraan, groupe jazz-rock, friand d'improvisations.

Plusieurs de ces groupes avaient en leur sein des musiciens des pays voisins, la Suisse, la France, la Belgique, les Pays-Bas, l'Italie et certains d'entre eux des chanteurs d'origine britannique, tels Abacus, Message, Epitaph, Nektar, Blackwater Park ou 2066 And Then. Un melting-pot culturel et géographique qui permit toute sorte d'expérimentation. Nombre d'entre eux étaient de jeunes étudiants, vivant en communité, rêvant d'un monde meilleur.
Alors que la jeunesse allemande faisait preuve d'une plus grande ouverture d'esprit, que certains artistes britanniques vendaient plus d'albums en Allemagne que dans leur propre pays, qu'un groupe comme Kraftwerk fut cité dans le Top 10 des groupes préférés, que la presse rock non organisée à l'époque et que les maisons de disques (Major) non encore avisées d'un tel bouleversement artistique ne réagirent pas réellement ........... toute cette scène rock allemande fut oubliée après 1975. On retint Kraftwerk souvent, Can parfois, tout en les qualifiant de clones du Velvet Underground!

Bien évidemment, tout ceci a bien changé. Certains albums des groupes pré-cités sont aujourd'hui des disques rares et très rudement recherchés par les collectionneurs. Il suffit d'imaginer qu'à l'époque ces groupes exportaient et vendaient peu en dehors de l'Allemagne, pour se rendre à l'évidence qu'il est très difficile de nos jours de trouver des exemplaires originaux à des prix abordables. Même les rééditions récentes, aux tirages limités, deviennent des objets de collections...

Le krautrock a tout d'abord été une influence importante dans le développement du post-punk, en particulier les groupes The Fall et This Heat, au début des années 1980. Vers la fin des années 1990, grâce au retour de la musique électronique et à la redécouverte des groupes allemands du style, le krautrock a influencé de nombreuses formations, telles que Stereolab, The Mars Volta, Deerhunter, Wilco, Laika, Mouse On Mars, Tortoise ou encore Fujiya & Miyagi, à l'origine du post-rock.

Le groupe Radiohead a effectué une reprise de "Thief", chanson de Can, et cite, outre ce dernier, Neu! et Faust parmi ses influences.

Partie suivante : #2 Les labels

SPONTANEOUS COMBUSTION - Triad

1972 [UK]   Timeless ‎– Time 739 (2015)
die-cut sleeve prix 22€

Original Harvest ‎– SHVL 805
Prix moyen : 110 €


Timeless est un label luxembourgeois qui existe depuis 1986. A leur catalogue, on trouve des rééditions d'albums de la fin des années 60 et des seventies tels que Gentle Giant, Forest, The Bonzo Dog Band, Caravan, Captain Beyond ...

En 2015, il proposait une réédition du second album de Spontaneous Combustion, un power-trio rock formé en 1971. Porté par une paire de frangins, Tris et Gary Margetts, et le batteur Tony Brock âgé de seulement 17 ans, Spontaneous Combustion est repéré par Greg Lake (King Crimson, E.L.P., Asia) qui les fait signer sur le label Harvest. Un premier single est publié en 1971, Lonely Singer. S'en suit la sortie de leur premier album éponyme en 1972, produit par Lake. La même année le groupe publie l'excellent Triad, visiblement ignoré à l'époque.... et peut-être encore de nos jours. Album résolument rock aux frontières du Heavy, avec des accents jazzy et des arrangements légèrement prog, on peut le rapprocher du réussi premier opus de Captain Beyond (ex membres de Iron Butterfly et Deep Purple), voire d'un autre power-trio, Rush.

La présente réédition du second opus de S.C. est une réussite. Elle semble reproduire à l'identique la pochette découpée de l'époque, qui laisse apparaître le visage d'un des trois musiciens du groupe. A chacun de faire son choix, puisque trois photos cartonnées et séparées sont disponibles. Le tout dans une pochette rigide façon US, avec une excellente qualité de pressage.









  • Bass Guitar, Synthesizer, Vocals – Tris Margetts
  • Guitar, Lead Vocals – Gary Margetts
  • Drums, Percussion, Vocals – Tony Brock

A1    Love And Laughter   
A2    Brainstorm   
A3    Child Life   
A4    Spaceship   
B1    Pan   
B2    Rainy Day   
B3    Monolith Parts 1, 2 & 3

vendredi 20 mai 2016

SPRING - Spring


1971 [UK]
Akarma - AK 213/2 (2002)
2xLP pochette trifold
prix médian discogs 30 €
Original RCA/Neon records NE 6
Prix moyen : 500 €

A1 The Prisoner (Eight By Ten)
A2 Grail
A3 Boats
B1 Shipwrecked Soldier
B2 Golden Fleece
C1 Inside Out
C2 Song To Absent Friends (The Island)
C3 Gazing

Titres additionnels en réédition CD et vinyle Akarma :
D1 Fools Gold (1st album outtake)
D2 Hendre Mews (from unreleased 2nd LP)
D3 A World Full Of Whispers (from unreleased 2nd LP)
  • Pat Moran - voix, Mellotron
  • Ray Martinez - guitares 6 & 12 cordes, Mellotron
  • Kips Brown - piano, orgue, Mellotron
  • Adrian "Bone" Maloney - basse
  • Pick Withers - batterie, glockenspiel
Basé à Leicester (UK), SPRING fut un groupe éphémère qui laissa comme témoignage un seul album en 1971. Une formation classée dans le rock progressif (grand catalogue fourre-tout !), mais finalement plus proche des Moody Blues que de Yes ou de Genesis. Ici pas de compositions aux structures et aux rythmes complexes, plutôt des morceaux très mélodiques au format pop-rock, des atmosphères mélancoliques, parfois tendrement folk ou légèrement heavy et ... particularité du groupe, beaucoup de Mellotron bien dégoulinant. Si vous êtes allergique à cet instrument, passez donc votre chemin ! Pour autant, vous auriez tort de vous éloigner trop loin, car Spring est un album très réussi.

Une belle réédition Akarma de 2002 qui regroupe l'album original, ainsi que trois inédits qui ne manquent pas d'intérêt, notamment Fools Gold, rescapé des sessions d'enregistrement du 1er album, et Hendre Mews qui devait figurer sur le second album du groupe qui ne vit jamais le jour. Spring éclata en 1972. Tous les membres firent carrière dans le milieu de la musique, producteur ou instrumentiste.
A noter que le batteur Pick Withers agita ses baguettes au sein de Dire Straits, le temps des quatre premiers albums.